Le Surréalisme – XXe siècle

Le Surréalisme

  • Le mouvement surréaliste est né après la première guerre mondiale, il dominera la première moitié du XXe siècle. Cette conception de l’art s’étend à toutes les formes artistiques possibles : l’image, le cinéma, la littérature, etc. dans l’idée de mener une révolution intellectuelle, morale et esthétique.
  • Les surréalistes sont héritiers des conceptions symbolistes du langage ; d’Apollinaire, qui a préfiguré le mouvement dans la préface des Mamelles de Tirésias ; et du dadaïsme, mouvement nihiliste radical fondé en Suisse par Tzara (1916-1921).
  • Les surréalistes croient en une force créatrice bien qu’ils soient marqués par les bouleversements connus lors de la Grande Guerre. Cette force est souvent réduite à l’inconscient et à l’écriture automatique. Il s’agissait en effet de principes essentiels, mais leur pensée va beaucoup plus loin que cela. Les surréalistes sont en insurrection permanente avec les codes, ils promeuvent un regard nouveau sur le monde et sur les choses.
  • Une dimension politique peut être adjointe à cette définition : l’art serait un moyen de « changer la vie ». Nombre de surréalistes faisaient partie du parti communiste qui leur semblait incarner cet idéal.
  • Les principales figures de mouvement sont : André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, Robert Desnos ou Antonin Artaud.

« Surréalisme : Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
(Source : Manifeste du surréalisme d’André Breton)

Pour caractériser mon drame je me suis servi d’un néologisme qu’on me pardonnera car cela m’arrive rarement et j’ai forgé l’adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symbolique comme l’a supposé M. Victor Basch, dans son feuilleton dramatique, mais définit assez bien une tendance de l’art qui si elle n’est pas plus nouvelle que tout ce qui se trouve sous le soleil n’a du moins jamais servi à formuler aucun credo, aucune affirmation artistique et littéraire.
(Préface aux Mamelles de Tirésias – Apollinaire)

Salvador Dalí, La Tentation de saint Antoine Musées Royaux des Beaux Arts, Bruxelles

Salvador Dalí, La Tentation de saint Antoine
Musées Royaux des Beaux Arts, Bruxelles

Exemples de poèmes surréalistes :

Poète noir

Poète noir, un sein de pucelle
te hante,
poète aigri, la vie bout
et la ville brûle,
et le ciel se résorbe en pluie,
ta plume gratte au coeur de la vie.

Forêt, forêt, des yeux fourmillent
sur les pignons multipliés ;
cheveux d’orage, les poètes
enfourchent des chevaux, des chiens.

Les yeux ragent, les langues tournent,
le ciel afflue dans les narines
comme un lait nourricier et bleu ;
je suis suspendu à vos bouches
femmes, coeurs de vinaigre durs.

(Extrait de L’Ombilic des limbes – d’Antonin Artaud)

Art poétique

Par le travers de la gueule
Ramassée dans la boue et la gadoue
Crachée, vomie, rejetée —
Je suis le vers témoin du souffle de mon maître —
Déchet, rebut, ordures
Comme le diamant, la flamme et le bleu de ciel
Pas pure, pas vierge
Mais baisée dans tous les coins
baisée enfilée sucée enculée violée
Je suis le vers témoin du souffle de mon maître
Baiseuse et violatrice
Pas pucelle
Rien de plus sale qu’un pucelage
Ouf ! ça y est on en sort
Bonne terre boueuse où je mets le pied
Je suis pour le vent le grand vent et la mer
Je suis le vers témoin du souffle de mon maître
Ça craque ça pète ça chante ça ronfle
Grand vent tempête cœur du monde
Il n’y a plus de sale temps
J’aime tous les temps j’aime le temps
J’aime le grand vent
Le grand vent la pluie les cris la neige le soleil le feu
et tout ce qui est de la terre boueuse ou sèche
Et que ça croule !
Et que ça pourrisse
Pourrissez vieille chair vieux os
Par le travers de la gueule
Et que ça casse les dents et que ça fasse saigner les gencives
Je suis le vers témoin du souffle de mon maître
L’eau coule avec son absurde chant de colibris
de rossignol et d’alcool brûlant dans une casserole
coule le long de mon corps
Un champignon pourrit au coin de la forêt ténébreuse
dans laquelle s’égare et patauge pieds nus une femme du tonnerre de dieu
Ça pourrit dur au pied des chênes
Une médaille d’or n’y résiste pas
C’est mou
C’est profond
Ça cède
Ça pourrit dur au pied des chênes
Une lune d’il y a pas mal de temps
Se reflète dans cette pourriture
Odeur de mort odeur de vie odeur d’étreinte
De cocasses créatures d’ombre doivent se rouler
et se combattre et s’embrasser ici
Ça pourrit dur au pied des chênes
Et ça souffle encore plus dur au sommet
Nids secoués et les fameux colibris de tout à l’heure
Précipités
Rossignols époumonés
Feuillage des forêts immenses et palpitantes
Souillé et froissé comme du papier à chiottes
Marées tumultueuses et montantes du sommet
des forêts vos vagues attirent vers le ciel
les collines dodues dans une écume
de clairières et de pâturages veinée de
fleuves et de minerais
Enfin le voilà qui sort de sa bauge
L’écorché sanglant qui chante avec sa gorge à vif
Pas d’ongles au bout de ses doigts
Orphée qu’on l’appelle
Baiseur à froid confident des Sibylles
Bacchus châtré délirant et clairvoyant
Jadis homme de bonne terre issu de bonne graine par bon vent
Parle saigne et crève
Dents brisées reins fêlés, artères nouées
Cœur de rien
Tandis que le fleuve coule roule et saoule
de grotesques épaves de péniches d’où
coule du charbon
Gagne la plaine et gagne la mer
Écume roule et s’use
Sur le sable le sel et le corail
J’entrerai dans tes vagues
À la suite du fleuve épuisé
Gare à tes flottes !
Gare à tes coraux, à ton sable, à ton sel à tes festins
Sorti des murailles à mots de passe
Par le travers des gueules
Par le travers des dents
Beau temps
Pour les hommes dignes de ce nom
Beau temps pour les fleuves et les arbres
Beau temps pour la mer
Restent l’écume et la boue
Et la joie de vivre
Et une main dans la mienne
Et la joie de vivre
Je suis le vers témoin du souffle de mon maître.

(Extrait de Destinée arbitraire – de Robert Desnos)

Acrobate

Bras en sang Gai comme les sainfoins
L’hyperbole retombe Les mains

Les oiseaux sont des nombres
L’algèbre est dans les arbres
C’est Rousseau qui peignit sur la portée du ciel
Cette musique à vocalises

Cent À Cent pour la vie

Qui tatoue

Je fais la roue sur les remparts.

(Extrait de Feux de Joie – de Louis Aragon)

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Sources :

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A propos eleonorecotton

Eléonore Cotton est la gardienne de ce site. Le Havre de Pensée & Mots, c'est le croisement de ses études de Lettres Modernes et de ses goûts personnels en un mélange éclectique, mais représentatif de cette lectrice qui navigue sur plusieurs océans littéraires. Eternelle rêveuse, il lui arrive d'écrire de temps en temps...
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