L’Héritage des Rois Passeurs – de Manon Fargetton

« C’est pas mal du tout ! » Telle a été ma pensée au moment de refermer ce livre. J’ai trouvé cela bien pensé et plutôt bien orchestré. Je pense que certains lecteurs pourront trouver des défauts à cette oeuvre, mais elle m’a suffi et m’a fait passer un bon moment.

Quatrième de couverture :

Ombre, univers peuplé de magie, et Rive, le monde tel qu’on le connaît, sont les deux reflets déformés d’une même réalité.
Enora est unique : elle peut traverser d’un monde à l’autre.
Lorsque sa famille est brutalement décimée par des assassins masqués, elle se réfugie au seul endroit où ses poursuivants ne peuvent l’atteindre. Au royaume d’Ombre, sur la terre de ses ancêtres. Là-bas, Ravenn, une princesse rebelle, fait son retour après neuf ans d’exil passés à chasser les dragons du grand sud. Sa mère, la reine, est mourante. Ravenn veut s’emparer de ce qui lui revient de droit : le trône d’Ombre. Et elle n’est pas la bienvenue.
Deux mondes imbriqués, Deux femmes fortes, éprouvées par la vie. Deux destins liés qui bouleverseront la tortueuse histoire du royaume d’Ombre…

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Avis personnel :

L’oeuvre est guidée par deux personnages féminins forts. D’un côté la princesse du royaume d’Ombre, Ravenn pour les intimes, et Elouane pour la Cour, qui vient affronter ses opposants pour réclamer son trône après avoir passé sept ans en exil, à chasser des dragons. D’un autre côté, une étudiante, Enora, qui voit sa vie basculer d’un seul coup lorsque sa famille est massacrée et qu’elle découvre son pouvoir de Passeuse…

Ces deux personnages m’ont plu, même si j’ai une petite préférence pour Ravenn que je trouve beaucoup plus passionnante qu’Enora. Parmi le reste du personnel romanesque, la palette est riche et variée et on peut facilement y trouver son compte. D’abord deux frères, aux caractères diamétralement opposés, victimes d’un passé tragique pesant sur eux, qui se nomment Charly et Julian. Ils accompagnent Enora en Ombre. On trouve un certain nombre de magiciens à l’allégeance douteuse, une peintre qui oscille entre trahison et passion, deux divinités avides de suprématies (Izil et Aa), le dieu Gris qui orchestre en réalité tous les événements, des prêtres et des prêtresses plongés dans les méandres de leurs devoirs respectifs, un roi étouffé par la paranoïa et le besoin pressant d’assassiner sa fille héritière. Cette richesse est réelle, même si je pense que l’on peut trouver que certaines figures ne sont pas assez creusées, comme la soeur de Ravenn par exemple. Mais cela ne m’a pas dérangée, car je pense que cela aurait mené à des développements trop excentrés de l’histoire déjà riche.

La narration oscille principalement entre Enora et Ravenn, même si on compte de nombreux focus sur d’autres personnages, comme Charly, Julian, le roi, etc. L’histoire débute sur deux plans. D’abord l’objectif de Ravenn : revenir parmi les siens et réclamer son trône. Puis sur la tragédie de l’anniversaire d’Enora : le massacre de sa famille et la découverte de sa nature de Passeuse qui la mène en Ombre.
Les objectifs de ces deux personnages évoluent en parallèle avant de se rejoindre. Enora fuit son monde, Rive, pour Ombre car elle est la cible de ceux qui ont tué sa famille. Mais en Ombre elle est aussi traquée parce que les Passeurs sont considérés comme des traîtres à éliminer à cause du passé ombrageux de ce monde. Ravenn, elle, cherche des alliés et tente de survivre à son père. Finalement, les deux trajectoires se rejoignent et l’histoire se poursuit de façon brillante, de révélation en révélation, de scènes haletantes en scènes haletantes, jusqu’au dénouement… très satisfaisant.

Les récits qui mettent en scène deux mondes parallèles sont plutôt classiques. Mais l’auteure a su personnaliser son univers de manière intéressante. La figure des Passeurs est une construction sans cesse remise en lumière, jeu de vérités et de mensonges que le lecteur peut démêler au fil du texte.
Au coeur de toute l’intrigue – intrigue politique pour Ravenn, intrigue portant sur la recherche de la vengeance pour Enora – se déploie peu à peu une toile mystique, faisant des événements le terrain d’affrontement des trois divinités d’Ombre : Izil, la déesse de la lumière, Aa, le dieu des ténèbres, et le Gris, dieu de la Vie et de la Mort qui a été exilé et dont le but est de pouvoir retourner en Ombre afin de reprendre sa place.
Cette dimension mystique est une clef essentielle de l’oeuvre, le point de rupture dans le passé, permettant l’avènement des Passeurs et leur disparition, le point de retour dans le présent de la narration et le point final à tout ce que la fiction a engendré… Tout un travail a été mené par l’auteure pour que cela soit le fil permanent de découvertes et de remises en question, son récit jouant sur les idées et les connaissances des personnages au fil du texte.
Un autre point fort de cet univers, la mise en miroir des deux mondes, qui joue sur le reflet et la déformation, avec les Noirs Portraits, concept intéressant, et l’existence des limbes en tant que source et point de retour.

Finalement, je viens de faire le bilan d’une oeuvre riche et intéressante. J’ai passé un bon moment avec cette lecture, et pour moi, elle n’a pas réellement de défauts.

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A propos eleonorecotton

Eléonore Cotton est la gardienne de ce site. Le Havre de Pensée & Mots, c'est le croisement de ses études de Lettres Modernes et de ses goûts personnels en un mélange éclectique, mais représentatif de cette lectrice qui navigue sur plusieurs océans littéraires. Eternelle rêveuse, il lui arrive d'écrire de temps en temps...
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Un commentaire pour L’Héritage des Rois Passeurs – de Manon Fargetton

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