La Guerre de la Faille – Tome 1 : Magicien, l’Apprenti – de Raymond E. Feist

Raymond E. Fesit est un nom implanté dans la Fantasy depuis très longtemps. Le premier tome de la Guerre de la Faille paraît en 1982 dans son pays d’origine. Ce cycle est plus communément connu sous le nom de Chroniques de Krondor, mais ce n’est pas son titre officiel.
Je ne découvre ce pilier du genre de la Fantasy que tardivement. Et pour être honnête, si je ne m’étais pas laissée tentée par l’édition simili cuir des éditions Bragelonne (ô combien magnifique et au prix attractif !), je pense que je serais passée à côté.
Face à ce classique du genre, quel bilan de lecture établir ?

magicien feist

Quatrième de couverture :

Un jeune orphelin vint un jour du royaume des Isles.
Il devint l’apprenti du maître magicien de la cour de Crydee, sur les terres de Krondor. Son courage lui valut une place à la cour et le coeur d’une adorable princesse, mais l’approche traditionnelle de la magie ne le satisfaisait pas.
C’était avant que n’éclate la Guerre de la Faille avec l’invasion d’un étrange peuple de guerriers surgi d’un empire lointain.
Alors, celui qu’on appelait Pug dut faire face à son véritable destin. Le jour viendrait où il détiendrait le sort de deux mondes entre ses mains.

Un classique Fantasy…

C’est un jeune garçon qui va se découvrir des pouvoirs et un destin incroyable ! La rengaine vous est familière et en deviendrait presque agaçante, n’est-ce pas ? L’agacement, ça a été mon premier sentiment à la lecture de ce livre. Je suis facilement arrivée à la moitié sans m’être documentée… Achat coup de coeur en librairie et vague impression d’avoir déjà entendu le nom de Feist en positif… Avant de prendre connaissance de la date de parution originale (1982), je me suis demandée quel pâle fantôme des grands du genre j’avais entre les mains. Mais une fois la chronologie en place, ma frustration s’est évaporée. Ce n’était pas une énième imitation, c’est une source ! Les éléments classiques ont cessé de m’indigner et j’ai pu savourer cette lecture pour elle-même.

Un peu en vrac, voici une liste non-exhaustive des éléments génériques qui le posent en classique :

  • On commence par suivre la lente initiation d’un jeune adolescent qui va trouver une place dans un monde où il ne semblait pas en avoir. Orphelin, il va être pris en tutelle par le magicien de la cour de Crydee. Là-bas, il va rencontrer des obstacles dans son apprentissage mais on va le voir s’élever à la cour grâce à son courage et sa droiture. Ses hauts faits sont promis à croître lorsque son environnement est menacé par une invasion barbare.
  • La figure du mentor incarné par le mage de la cour est traditionnelle. C’est le vieux sage compréhensif dont la bonté n’a d’égal que son caractère nonchalant.
  • La guerre qui menace le royaume nécessite de se lancer dans un long voyage afin de chercher de l’aide dans les contrées voisines. C’est ainsi que se dévoile la politique de Krondor à l’Ouest et celle du Roi à l’Est. Les besoins d’alliance sont bien sûrs contrariés et la situation semble destinée à empirer.
  • On trouve une jeune femme, la princesse de Crydee, qui se trouve être source d’amour et d’inspiration pour plusieurs personnages, dont notre jeune orphelin.
  • Il y a une rencontre avec un dragon (doré et magique) qui offre des artefacts précieux de son trésor à deux personnages.
  • Avez-vous déjà entendu parlé de mines naines sombres et abandonnées ? Que seraient-elles si elles ne sont pas habitées par de nombreuses créatures dangereuses ?
  • Le bestiaire classique que j’ai déjà partiellement évoqué avec le dragon est présent… Hommes, nains, elfes, elfes noirs, gobelins…
  • Je me dois de citer la longue bataille épique que l’on trouve à la fin du tome.
  • Bien sûr, composante classique, le manichéisme… Ce sont les gentils peuples de Crydee contre les méchants envahisseurs. Les elfes contre les elfes noirs. Les gobelins contre les autres races.

Cet ensemble de remarques n’est absolument pas méprisant. Au contraire, c’est presque un jeu d’avoir essayé de catégoriser tous ces points.

Ce que j’ai aimé…

J’ai bien aimé le traitement de la magie dans ce roman. On comprend rapidement qu’elle est complexe et que son fonctionnement est ramifié. Par exemple, les compétences des prêtres ne sont pas celles des magiciens. Le fonctionnement des elfes est clairement établi comme différent de celui des humains. Le statut de Pug, notre héros, par rapport à cela est bien différent. Il faut également signaler les envahisseurs qui sont décrit comme incroyablement puissants. Cette perception ramifiée et complexe n’est encore qu’esquissée. Au final le traitement de la magie n’est pas encore approfondi. Mais on sent que ça a été réfléchi et ça me plait.

L’idée de créer une menace venue d’un autre monde est une idée qui me passionne énormément (j’ai souvent imaginé des histoires basées sur ce cas de figure, d’où cet attachement.) ! L’articulation de cette découverte aux événements est bien calculée et met en mouvement l’action du roman. Une idée brillante et une mise en application brillante !

Il faut avouer que le bestiaire, somme toute très classique, agit positivement sur mon impression de lecture. Cela a son charme pour la lectrice que je suis.

Enfin, le côté politique du roman me plait aussi. Les tensions entre Krondor et le Roi qui placent Crydee dans une situation désespérée est un noeud de l’histoire qui est bien mené.

Ce que j’ai moins aimé…

J’ai trouvé la mise en place de l’histoire absolument longue et lente. Bien sûr, je reconnais qu’elle est nécessaire pour rendre crédible notre héros et son environnement. Mais ce n’est vraiment pas la partie qui m’a passionnée.

J’ai été déroutée par le choix narratif de la fin du roman. On suit Pug sur les 2/3 du roman si ce n’est les 3/4. Au moment où son sort devient captivant, l’auteur fait le choix de nous focaliser sur d’autres personnages. C’est frustrant malgré la qualité des batailles que donnent les gens de Crydee.

Pour conclure…

C’est un moment plaisant si l’on accepte et que l’on désire lire un classique de la Fantasy. C’est avec joie que je prendrai la suite lors de sa reparution.

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A propos eleonorecotton

Eléonore Cotton est la gardienne de ce site. Le Havre de Pensée & Mots, c'est le croisement de ses études de Lettres Modernes et de ses goûts personnels en un mélange éclectique, mais représentatif de cette lectrice qui navigue sur plusieurs océans littéraires. Eternelle rêveuse, il lui arrive d'écrire de temps en temps...
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